Elle apprendrait que le sexe ne s’exécute plus en dehors de sa représentation, comme s’il venait toujours référencé, que la plus grande obscénité, désormais, est de chercher le regard de l’autre pendant – et de le trouver. (…)
Est-ce qu’on ne pourrait pas essayer l’amour pendant l’amour et après on ferait comme si de rien n’était, promis juré, on oublie tout. Remettre ses bas sales, son soutien-gorge, son jeans, sa camisole et ses bottes. Oublier sa bague près du calorifère, ses boucles d’oreilles sur le rebord de la fenêtre. Aller dans la salle de bains, se regarder dans le miroir et se dire qu’il faut partir avant qu’un malaise ne s’installe. Fouiller dans la pharmacie sans savoir ce que l’on cherche, comme ca, distraitement, ou pour se rapprocher de l’autre. Tomber sur une bouteille d’antidépresseurs et en gober deux, juste pour voir. Se sauver pendant qu’il feint d’être endormi et lui écrire un courriel en arrivant. Faire rentrer le chat. S’endormir avec ce chat après avoir écouté tout un chapelet de chansons folk qui consolent et confortent dans la douleur, qui décantent la nuit, la suspendent dans les airs. S’endormir à la lisière du jour bleu-gris qui piaille dans un lit trop grand pour soi, avec une sucette dans le cou. Rêver un peu, en autant qu’on évite les cauchemars.
- Marie Hélène Poitras
Sunday, November 8, 2009
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